30 juin 1916 : le 248e RI tente de reprendre l’ouvrage de Thiaumont

Depuis l’assaut allemand du 23 juin, Nivelle ne cesse de lancer des contre-attaques locales pour reconquérir coûte que coûte le terrain perdu. Le 29 juin, à la tombée de la nuit, les 4e et 5e bataillons du 248e RI, aux ordres du lieutenant-colonel Marchand, quittent la citadelle de Verdun et marchent vers la ligne de front.

L’assaut est prévu pour 10h du matin et doit être précédé d’une préparation d’artillerie à partir de 6h. Malheureusement, la coordination avec les artilleurs est mauvaise et le bombardement commence dès 3h du matin surprenant les colonnes en pleine marche vers leurs positions de départ (ouvrages Z situés à 300 m au sud-ouest de l’ouvrage). Le tir mal réglé tombe trop court et cause des pertes importantes dans les rangs des deux bataillons, tuant et blessant de nombreux officiers et soldats. Les hommes se réfugient dans les nombreux trous d’obus du terrain devenu lunaire. Les communications entre les compagnies sont difficiles et toute attaque coordonnée devient impossible. Le lieutenant-colonel Marchand demande le report de l’assaut au lendemain, le temps pour lui de réorganiser ses bataillons, mais le commandement ne tient pas compte de la situation et ordonne de maintenir l’attaque comme prévu.

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Les ruines de l’ouvrage de Thiaumont aujourd’hui.

Marchand avise alors ses subordonnés : le 5e bataillon doit donc attaquer l’ouvrage de Thiaumont par le sud et entrer dans l’ouvrage. Le 4e bataillon doit le soutenir. Un détachement de 25 hommes sous les ordres du sous-lieutenant Maître-Allain doit pour sa part enlever le PC 119. A 10h, l’artillerie française allonge son tir et les survivants des deux bataillons s’élancent. Le terrain rend la progression difficile et les liaisons entre les compagnies sont presque impossibles.Marchand peine à suivre à la vue le mouvement de ses unités. L’assaut sur l’ouvrage est désordonné, les fantassins attaquent par petits paquets. Les Allemands, dispersés dans les nombreux trous d’obus, sont dotés de mitrailleuses et de grenades et repoussent les Français. L’artillerie allemande n’est pas en reste et bombarde les abords de l’ouvrage pour interdire toute progression française. Le sous-lieutenant Maître-Allain est blessé et il a 20 hommes hors de combat sur les 25 que comptaient son détachement. Il n’a pas pu s’emparer du PC 119. Les éléments des deux bataillons sont arrêtés à environ 100 mètres de l’ouvrage de Thiaumont et doivent se terrer dans les trous d’obus en attendant la nuit. Malgré l’engagement du 6e bataillon le lendemain, les Allemands restent maîtres de la position.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

JMO du 248e RI, cote 26 N 727/9