8 juin 1916 : l’Alpenkorps passe à l’attaque

Alors que la garnison du fort de Vaux, aux ordres du commandant Raynal, a été contrainte à la reddition le 7 juin, les Allemands décident de poursuivrent leurs efforts pour dégager les abords de l’ouvrage. En soutien des 1. Infanterie Division et 2. b. Infanterie Division (bavaroise), la Ve armée allemande peut désormais compter sur un corps d’élite commandé par le général Konrad Krafft von Dellmensingen : l’Alpenkorps (Corps alpin) qui s’est déjà illustré dans les Dolomites, en Macédoine et en Serbie.

L’objectif de ce nouvelle offensive consiste à s’emparer de la position R1 à l’est du fort et toujours tenue par les Français, et de percer en direction de Fleury. Pour cela, le IV./Jg. R.3 (4e bataillon du 3e régiment de chasseurs alpins) est engagé avec le soutien du détachement de mitrailleuses Vietor. Les hommes de l’Alpenkorps ne sont pourtant pas au mieux depuis leur arrivée à Longuyon. On rapporte des cas de typhus, le moral est bas et les hommes sont épuisés. De plus, les Allemands ne se doutent pas que les Français se préparent le jour même à contre-attaquer en vue de reprendre le fort de Vaux tombé la veille.

2 Vaux front allemand

Soldats allemands équipés de masques à gaz dans le secteur de Vaux.

Deux régiments d’élite français considéré par Nivelle comme « les deux plus beaux régiments de France », le 2e zouaves et le RICM (Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc), sont effectivement acheminés dans la nuit du 7 au 8 juin pour mener à bien cette mission. Sous une pluie battante et dans la boue, les fantassins montent en ligne sous le feu de l’artillerie allemande qui déjà prépare l’assaut prévu le 8 au matin. A 4h30, à l’heure H prévue pour l’assaut, les zouaves subissent un violent bombardement d’obus de 210 mm allemands. Les pertes sont colossales et les compagnies sont décimées alors que le régiment atteint le ravin des Fontaines. Les deux bataillons de tête sont alors contraints de se replier. Seul le RICM parvient à prendre pied dans le fossé du fort au prix de lourdes pertes dues aux tirs des mitrailleuses allemandes installées sur la superstructure du fort. Les coloniaux ne peuvent plus avancer et n’ont pas d’autre choix que de se terrer sur place.

1 Thiaumont transport d'un blessé

Evacuation de blessés français dans le secteur de Thiaumont.

Dans le même temps, à partir de 7h du matin, l’artillerie allemande bombarde les positions françaises entre le ravin des Fontaines et la ferme de Thiaumont. A 7h30, les chasseurs du IV./Jg. R.3 s’élancent à l’assaut et, malgré les tirs de barrage français, ils parviennent à s’emparer de la position R1. A 10h, la région de Thiaumont est l’objet d’un nouveau bombardement d’une violence rare. En début d’après-midi les fantassins allemands reprennent leur progression en direction du ravin de la Dame. Les bataillons des 291e, 347e et 348e RI sont repoussés et doivent se replier sur le bois Triangulaire et les abris 320. A 16h, l’ouvrage de Thiaumont tombe mais les Allemands l’évacuent pour concentrer leurs efforts sur les unités de la 63e DI qui occupent les abords du fort de Vaux. Les compagnies 238e et 298e RI sont anéanties par les grenadiers bavarois. La journée du 8 juin se termine donc sur un statu quo. Les Allemands poursuivront leurs efforts dès le lendemain.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

Mourir à Verdun, Pierre Miquel

14-18 Magazine n°57

Les 300 jours de Verdun