9 avril 1916 : « Courage, on les aura ! »

Le 9 avril au soir, alors que les Allemands viennent de lancer une nouvelle offensive sur les deux rives de la Meuse et que partout ils ont été repoussés au prix de très lourdes pertes, le général Pétain rédige son ordre du jour n°94 qui va entrer dans la légende de Verdun.

Cet ordre du jour vient « célébrer » la résistance héroïque des fantassins français face à la dernière poussée allemande. Sur la rive gauche, l’offensive allemande, lancée avec 5 divisions d’infanterie, vise à s’emparer du dernier point de résistance français entre Avocourt et le Mort-Homme. Comme depuis le début de la bataille, l’assaut allemand est précédé puis soutenu par un bombardement terrible d’obus explosifs et d’obus à gaz qui pulvérisent les positions françaises.

1ere ligne

Tranchée française de première ligne aménagée sommairement.

Comme depuis le début du mois de mars, le bombardement dure jusqu’en début d’après-midi. A 13h10, l’infanterie allemande attaquent le bois Camard et le Mort-Homme où « les réseaux sont détruits, les tranchées nivelées, et où les pertes sont déjà lourdes » au sein du 153e RI déjà éprouvé la veille. Puis, vers 14h30, c’est au tour des ruines fumantes de Cumières d’être attaquées par les Allemands. Les Allemands progressent juste derrière leur barrage d’artillerie et surprennent les rares défenseurs qui ont survécu au bombardement et au gaz. La cote 295 du Mort-Homme est ainsi conquise par les hommes de la 22. Reserve Division. Les obus à gaz s’abattent sur Cumières et le bois des Caurettes pour gêner la montée en ligne des réserves françaises.

Néanmoins, sur toute la ligne de front des contre-attaques locales sont menées. Le 163e RI reprend l’ouvrage des Rieux après de terribles combats à la grenade et au corps-à-corps. Au soir, le régiment a perdu 390 hommes. Sur la route de Cumières à Bethincourt, les Allemands parviennent à s’infilter entre ce qui reste des positions du 8e BCP et celles du 151e RI. A 21h, l’engagement de deux brigades permet de les repousser. Le front français n’a pas craqué mais à quel prix ! La 42e DI qui vient de résister à l’assaut allemand a perdu plus de 1 800 hommes (tués, blessés ou portés disparus).

Cadavres

Les Français tiennent leurs positions au prix de pertes terrifiantes, tandis que l’infanterie allemande s’use dans des assauts meurtriers.

Sur la rive droite, le scénario est presque identique. A 18h, après un bombardement qui a duré 12 heures, les fantassins allemands du 7e corps de réserve se ruent sur les positions de la 23e DI entre la Meuse et le bois d’Haudromont. Les premières lignes dévastées sont conquises, mais le tir de l’artillerie française et des mitrailleuses permettent de stopper l’avance ennemie. Les combats vont durer toute la nuit. Les maigres réserves françaises sont jetées dans la fournaise pour reprendre le terrain perdu. Les pertes sont effroyables. Le 10 au matin, Falkenhayn a échoué, seule la cote 295 du Mort-Homme est tombée entre les mains des Allemands. Les pertes subies par l’armée impériale depuis le début des opérations empêchent désormais les Allemands de poursuivre toute action offensive d’envergure.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

Mourir à Verdun, Pierre Miquel

Les 300 jours de Verdun, ouvrage collectif

Verdun, Paul Jankowski