Alors que la date de l’offensive française est initialement arrêtée au 14 décembre, la préparation d’artillerie débute le 9 décembre dans la perspective d’une amélioration de la météo pour observer les résultats des tirs de destruction.
Le premier objectif de la préparation d’artillerie vise à neutraliser le feu des batteries allemandes les plus actives. Cette entreprise rencontre de nombreuses difficultés liées à la géographie du terrain visé. Le secteur boisé et accidenté entre les routes de Vacherauville à Flabas et de Bezonvaux à Ornes ne permet d’exécuter que des destructions limitées car la visibilité n’est pas assez bonne pour effectuer des réglages de précision. Dans le secteur de la Woëvre et sur les pentes à l’est de la Meuse, les positions allemandes sont à la vue des observatoires terrestres français ce qui permet un réglage précis des tirs et une évaluation pointue de leur efficacité. Néanmoins, la météo capricieuse, comme le 11 décembre rendra parfois toute observation impossible.
La majorité des tirs de destruction est exécutée par des canons de 155 L soutenus par quelques batteries de 120 L et de 270 sans oublier l’appui de l’A.L.G.P. Les tirs sont concentrés sur 72 batteries d’artillerie allemandes clairement repérées. La consommation des munitions est terrible. Chaque batterie allemande est contrebattue en moyenne par 400 à 600 coups de 155 L et 400 coups de 120 L entre le 9 et le 14 décembre. Entre le 12 et le 17 décembre, la consommation augmente encore, et on atteint par exemple le chiffre ahurissant de 500 000 obus de 75 tirés pendant cette période. Néanmoins, malgré cette débauche de moyens, 61 % des batteries allemandes visées se montreront actives après les tirs de neutralisation du 15 décembre. L’interrogatoire de prisonniers allemands permet d’établir que la préparation française a entraîné la destruction intégrale de trois batteries allemandes et la destruction de 30 pièces supplémentaires de divers calibres. Dès que la météo le permet, l’aviation française effectue un travail colossal de repérage et d’observation pour guider le tir de l’artillerie et évaluer l’efficacité du bombardement.
Enfin, comme avant l’offensive du 24 octobre, un simulacre d’attaque est mené le 14 décembre (la date de l’offensive ayant été finalement reportée au 15 à cause de la météo) afin de contraindre les Allemands à réveler leurs batteries restées silencieuses. Elles sont immédiatement prises contrebattues. Comme en octobre, l’artillerie aura préparé le terrain pour que l’infanterie l’occupe sans subir de pertes importantes.
SYLVAIN FERREIRA
Sources
Les Armées Françaises dans la Grande Guerre, Tome IV, Volume 3.
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