18 novembre : Nivelle prépare la relance de l’offensive

Suite au succès de l’offensive du 24 octobre, Nivelle compte repartir à l’assaut des positions allemandes dès que possible pour enlever les observatoires allemands de la ligne de hauteurs de la côte du Poivre/cote 342/cote 378/croupe d’Hardaumont. Cette action permettra également de dégager définivement les abords du fort de Douaumont.

Aux vues des ressources disponibles, Nivelle estime que 2 ou 3 divisions d’infanterie fraîches pourraient remplir cette mission en étant mises à disposition du groupement DE entre le 20 et le 30 novembre. Les divisions actuellement en première ligne seraient donc relevées et mises à disposition du général-en-chef. Il considère également qu’un renforcement de l’artillerie est nécessaire, notamment pour assurer l’efficacité des tirs de contre-batterie. Cela représente au total au moins trois groupes de 155 L et deux groupes de 100 et de 105. Enfin, il préconise le remplacement des 155 C pour des 155 C Schneider de portée supérieure. A noter que Nivelle demande aussi une étude pour une offensive sur la rive gauche afin de reprendre le Mort-Homme. Celle-ci ne sera pourtant exécutée quand 1917 faute de moyens suffisants.

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Les propositions de Nivelle sont étudiées attentivement par le 3e bureau du G.Q.G et elles sont dans un premier temps rejetées aux motifs que la situation de Verdun ne le conseille pas (besoin de temps pour relever les troupes, réaménager les secteurs conquis, économie des munitions) et la situation générale des armées s’y oppose (d’âpres discussions se déroulent encore au sujet de l’éventualité de poursuivre l’offensive dans la Somme).

Le général Joffre va pourtant désavouer son état-major et décide de poursuivre les opérations sur Verdun (mais aussi sur la Somme dans un premier temps) pour y fixer un maximum de troupes allemandes. Le général de Castelnau, chef d’état-major général, soutient l’avis du généralissime. Néanmoins, Nivelle est informé qu’il devra se débrouiller avec les seuls moyens de la IIe armée pour réaliser son plan. Le 18 novembre, il rédige donc l’ordre d’opérations suivant : « Le groupement DE a pour mission de prendre l’offensive sur la rive droite de la Meuse pour enlever à l’ennemi ses observatoires sur la ligne de hauteurs : côte du Poivre, cote 342, cote 378, coupres d’Hardaumont et de dégager largement les abords du fort de Douaumont, (…) les troupes d’attaque s’établiront solidement sur cette ligne dès qu’elles auront pu s’en rendre maîtresses. Outre les reconnaissances qui devront être envoyées sur tout le front pour maintenir le contact, on ne devra pas hésiter à exploiter les succès obtenus en poussant vers le centre dans la direction générale des Chambrettes, de manière à atteindre les batteries ennemies situées dans cette région. Les troupes d’attaque comprendront : en 1re ligne, le 126e, 38e, 37e et 133e divisions, en 2e ligne, les 123e, 128e, 21e et 6e divisions. »

Pour préparer et soutenir l’action offensive, Mangin, qui commande le groupement DE, disposera des artilleries divisionnaires de 8 DI engagées dans l’attaque ainsi que l’artillerie divisionnaire de la 22e DI et l’artillerie du 15e corps d’armée. Les divisions qui tiennent actuellment les secteurs d’attaque sont chargées d’exécuter les travaux d’aménagement en se conformant aux plans établis par les commandants des divisions d’attaque. Enfin, pour ménager l’effet de surprise essentiel à la réussite de l’offensive, l’activité de l’artillerie doit être limitée.

SYLVAIN FERREIRA

Sources

Les Armées Françaises dans la Grande Guerre, Tome IV, Volume 3.