2-3 novembre 1916 : la reprise du fort de Vaux

Après la réussite de l’offensive du 24 octobre marquée par la reprise emblématique du fort de Douaumont, les Français décident de poursuivre leur avantage et s’organisent pour reprendre l’autre fort symbole de la bataille du printemps : le fort de Vaux.

Depuis le 24, les régiments de la 74e DI du général de Lardemelle occupent des positions hautes autour du fort, positions à partir desquelles ils harassent les défenseurs allemands de l’Infanterie Regiment Nr. 192 aux ordres du lieutenant Bellman. Pour autant, la situation à l’intérieur du fort n’a rien de comparable avec l’enfer dans lequel vivaient les défenseurs français au début du mois de juin. Les hommes ne manquent ni de nourriture, ni d’eau, ni de munitions. Cependant, l’artillerie lourde française concentre ses tirs sur l’ouvrage avec une intensité redoutable. Le commandement allemand comprend que la position est devenue intenable malgré l’état d’esprit de la garnison. Le 1er novembre à 6h du matin, le capitaine Rosencrantz du PionierBataillon Nr. 100 (unité du génie) arrive au fort avec ses hommes. Ils ont pour mission d’installer des charges de démolition partout à l’intérieur de l’ouvrage pour le dynamiter. Le 2 novembre peu après minuit, tout est en place. L’évacuation de la garnison s’effectue dans le calme. Les hommes emportent tout ce qu’ils peuvent comme vivres et munitions puis détruisent tout le matériel qui ne peut pas être transporté. A 1h du matin, seuls les hommes du PionierBataillon Nr. 100 demeurent à l’intérieur pour déclencher les charges. A 2h du matin, le fort est vide de tout occupant, mais les Français l’ignorent et poursuivent leur préparation d’artillerie. A 11h, le fort est sécoué par une terrible explosion provoquée par un coup au bout d’un mortier de 220 français.

Le 2 novembre à 17h, les Français interceptent un message radio allemand qui annonce l’évacuation du fort. Toutes les mesures sont prises pour vérifier ce précieux renseignement et occuper l’ouvrage le cas échéant. Ce sont les 118e et 298e RI (63e DI) qui sont chargés de mener l’opération. La compagnie Fouache (3e compagnie) du 118e doit aborder le fort par les abords ouest et est, tandis qu’une compagnie du 298e approchera par la façade sud. A 23h30, sous le couvert de la nuit, les patrouilles françaises se mettent en mouvement. A 1h du matin le 3 novembre, elles parviennent sans incident dans les fossés. Grâce à des éboulements, le capitaine Fouache et une vingtaine de ses hommes parviennent à escalader l’ouvrage et parcourent la superstructure dévastée sans trouver d’issue pour pénétrer à l’intérieur. Quelques minutes plus tard, alors que le capitaine Fouache se contusionne gravement en redescendant dans les fossés, ses hommes trouvent un trou bouché par des sacs à terre près de la porte de la gorge. Il est ouvert à coups de pioche et les soldats du 118e s’engouffrent dans l’ouvrage totalement vide accompagnés de leurs camarades du 298e. A 3h, le 3 novembre 1916, l’avis d’occupation du fort de Vaux par les hommes du 118e RI parvient au PC du régiment à Vaux-Régnier. Le fort de Vaux est de nouveau entre les mains des Français.

SYLVAIN FERREIRA

Sources

JMO du 118e RI cote 26 N 682/13

Les Armées Françaises dans la Grande Guerre, Tome IV, Volume 3.

Battleground Verdun, Fort de Vaux, Christina Holstein