9 septembre 1916 : le 220e RI attaque Vaux-Chapitre

Après l’échec des derniers coups de boutoirs de l’armée impériale allemande début juillet 1916, les combats de Verdun diminuent d’intensité mais ne s’arrêtent pas. Alors que l’offensive de la Somme draine de plus en plus de moyens dans les deux camps, les Français tentent de regagner des positions tactiques clés en engageant des contre-attaques locales.

C’est dans ce contexte que les 3 bataillons du 220e RI sont engagés afin de déserrer l’étau autour du fort de Souville en s’emparant de la position allemande de Vaux-Chapitre. Dans la nuit du 8 ou 9 septembre, le 5e bataillon relève le 6e en première. Le 9 au matin, le bataillon est en place sous les ordres du capitaine Piebourg. Il doit enlever les tranchées « Montbrison » et « Lecourt » tenues par des éléments des IR 192 et 168. Les éléments chargés de l’attaque sont en moyenne forts de deux sections par compagnie. Les autres sections constituent des réserves à la disposition du chef de bataillon tandis que la 17e compagnie doit assurer la liaison à gauche avec le 283e RI. La préparation d’artillerie dure toute la journée afin de détruire tous les points d’appui de la première ligne allemande. Malheureusement, les liaisons avec les artilleurs ne permettent pas de rectifier les tirs de destructions qui frappent un peu trop à l’Est les positions ennemies et épargnent une mitrailleuse allemande située sur la gauche du bataillon. A 15h40, vingt minutes avant l’attaque, une trentaine de soldats allemands conduits par un officier blessé quittent leurs tranchées en courant et se rendent aux hommes du 220e RI. Leur interrogatoire au PC du colonel installé aux Carrières permet de recueillir une information clé : la première ligne allemande est vide de tout défenseur.

une-tranchee

A 16h, les soldats français s’élancent à l’assaut, rassurés et plein d’enthousiasme tandis que l’artillerie allonge son tir. La progression à droite et au centre s’effectue sans rencontrer de résistance. Plusieurs groupes d’Allemands se rendent sans combattre. Sur la gauche, la mitrailleuse allemande toujours intacte ralentit la marche en avant des fantassins mais sans causer trop de pertes grâce aux tirs de suppression d’une des sections de mitrailleuses du bataillon judicieusement mise en batterie face à celle-ci. A 16h25, tous les objectifs sont atteints sur la droite (tranchées « Montbrison » et « Lecourt ») et au centre. A 16h50, l’artillerie allemande déclenche un tir de barrage qui s’abat sur l’arrière des premières lignes françaises sans conséquence pour les assaillants. A 17h30, les Français ont déjà capturés plus de 180 prisonniers allemands. A 18h, tous les objectifs sont atteints et la liaison à gauche avec le 283e RI est assurée. Au final, le 5e bataillon a capturé 6 officiers, 16 sous-officiers et 201 soldats allemands ainsi que trois mitrailleuses. Le bilan est néanmoins lourd puisqu’on compte 4 officiers tués dont le capitaine Piebourg, 23 soldats tués, 8 disparus et 62 blessés soit environ 20 % de l’effectif du bataillon.

SYLVAIN FERREIRA

Sources

JMO du 220e RI cote 26 N 718/12