Depuis la nomination de Nivelle à la tête de la IIe armée, Joffre presse son subordonné pour qu’il planifie une attaque limitée en vue de reprendre le fort Douaumont en espérant à la fois remonter le moral des troupes et regagner la confiance des politiques. Néanmoins, les yeux toujours rivés sur la Somme, Joffre n’alloue pas les moyens nécessaires, notamment en artillerie lourde, pour que cette opération puisse aboutir. Le 22 mai au matin, le 129e RI part pourtant à l’assaut du fort.
Si la préparation d’artillerie française semble faire mouche, l’artillerie allemande ouvre le feu sur les premières lignes françaises où sont massées les hommes prêts à partir à l’assaut, c’est un carnage. Depuis plusieurs jours les Allemands savaient que les Français se préparaient à attaquer. Les pertes dans les rangs du 129e RI sont terribles, certaines compagnies ne partiront à l’assaut qu’avec 60 hommes valides. Malgré, les deux bataillons (Vaginay et Maguin) engagés s’élancent à 11h30. Les vagues de fantassins avancent sans hésitation nous dit le JMO du régiment, officiers en tête. Les Allemands totalement assomés par le bombardement se rendent. En moins de 15 minutes, les abords du fort sont atteints. Le bataillon Vaginay dépasse même ses objectifs et atteint le glacis ouest du fort. Les pertes sont insignifiantes sauf pour les compagnies de droite en charge de la liaison avec le 74e RI qui sont prises sous le feu des mitrailleuses du bois de la Caillette et des tourelles du fort.
Aux abords du fort par contre, le bataillon Maguin est stoppé par la résistance des Allemands qui sont barricadés dans le fort et qui opposent une résitance farouche. Un peloton du génie et quelques fantassins réussissent néanmoins à s’emparer de la casemate de Bourges. Un autre détachement parvient à s’emparer de la corne sud-est. Le 129e occupe donc une ligne qui va de la corne nord à la corne sud-est ainsique le terre-plein, mais aucune troupe n’a pu pénétrer à l’intérieur du fort. Les Allemands continuent donc de recevoir des renforts et tentent même plusieurs contre-attaques entre 17 et 18h. Elles sont toutes stoppées grâce à l’intervention de l’artillerie française. Sur les ailes, la progression française est ralentie par l’artillerie allemande et les éléments qui sont parvenus jusqu’au fort sont du coup isolés et affaiblis par les pertes de la journée. Le 22 mai au soir, l’échec de l’assaut est évident. Pourtant, les combats vont encore se poursuivre inutilement, le général Lebrun qui commande la 36e DI envoie dans la nuit des renforts sous le bombardement incessant des canons allemands. L’offensive menée par Nivelle se poursuivra jusqu’au 25 mai mais n’aboutira pas. Le fort Douaumont restera entre les mains des Allemands jusqu’à la fin octobre.
SYLVAIN FERREIRA
Sources :
Mourir à Verdun, Pierre Miquel
JMO du 129e RI, cote 26 N 686/13
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