16 mai 1916 : Falkenhayn croit encore à la victoire

Alors que Nivelle planifie avec Magin la reprise du fort de Douaumont pour le 22 mai, Falkenhayn arrive au QG de la Ve armée allemande à Stenay pour régler les détails du prochain coup de boutoir contre l’armée française qu’il croit au bord de l’épuisement.

La réflexion du chef de l’OHL s’inscrit dans une vision globale de la situation sur l’ensemble du front occidental. En effet, depuis la veille, les Austro-Hongrois ont déclenché une offensive d’envergure à Asagio dans le Trentin contre l’armée italienne. En accord avec le chef d’état-major de l’armée du Kronprinz, von Knobelsdorff, Falkenhayn décide donc de concentrer l’ensemble des moyens encore à sa disposition sur la rive droite de la Meuse pour conquérir les derniers forts de la ceinture défensive de Verdun et ainsi porter un dernier coup décisif à l’armée française. L’artillerie allemande se déchaîne donc sur le fort de Vaux en tirant plus de 8 000 obus par jour sur l’ouvrage. La vie dans le fort devient insupportable. Pourtant, les velléités allemandes sont contrecarrées par les projets offensifs de Nivelle.

Vaux boyau bombardé1

Boyau français aux abords du fort de Vaux.

Ainsi, sur la rive gauche, si la résistance acharnée des Français a repoussé les Allemands, ces derniers tiennent néanmoins les pentes nord de la cote 304 et le mamelon 265 du Mort-Homme. Nivelle veut les déloger et, dès le 18 mai, il ordonne deux attaques simultanées qui permettent de récupérer les positions perdues dix jours auparavant à l’est de la cote 304, mais l’artillerie allemande assome les assaillants sous un déluge de feu redoublé. Le 3e régiment de marche zouaves et tirailleurs (RMZT) tient bon malgré de lourdes pertes.  Dans le secteur de la cote 287, les Français (1er régiment de marche de tirailleurs) mènent une attaque de diversion pour forcer la contre-attaque allemande à découvert. C’est succès. Mais dans le secteur de la cote 304, vers 16h, les Allemands se lancent à leur tour à l’assaut et pénètrent d’un kilomètre dans le dispositif français entre le bois d’Avocourt et la route d’Esnes à Malancourt. Aucune contre-attaque française ne parvient à les reprendre le terrain perdu. A la fin de la journée, le 3e RMZT est exsangue, les compagnies de combat sont décimées. Il ne reste parfois qu’une dizaine de survivants sur un effectif théorique de 180 hommes.

Le 19 mai, les Allemands poursuivent leurs efforts offensifs dans le secteur du bois Camard et contraignent le 1er régiment de marche de tirailleurs à se replier. Il faut attendre la montée en ligne en début d’après-midi de deux bataillons du 2e bis de zouaves pour stabiliser la ligne de front sur la tranchée de Champigneulles. Sous le couvert de la nuit, le 1er tirailleurs est enfin relevé après neuf jours passés en première ligne. Il enregistre la perte (morts, tués, blessés, disparus) de 1 945 hommes et 33 officiers. Le lendemain, la préparation d’artillerie française pour reprendre le fort de Douaumont commence, prenant de vitesse les Allemands dans leurs préparatifs d’attaque sur la rive droite.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

Les 300 jours de Verdun, ouvrage collectif

JMO de la 45e DI, cote 26 N 346/2