1er mai 1916 : le 170e RI attaque dans le secteur La Caillette-Souville

Alors que la prise de commandement de la IIe armée par Nivelle est effective à compter de ce jour, le 170e RI est lancé à l’assaut du sous-secteur des Carrières dans le but de dominer le ravin de la Fausse-Côte.

L’assaut du 170e RI fait l’objet d’une préparation méticuleuse et ne visent que des objectifs limités. L’artillerie française doit à la fois soutenir l’avance des fantassins mais également contre-battre les batteries allemandes pour les réduire au silence. Enfin, elle doit empêcher toute contre-attaque allemande sur les flancs de l’axe de progression du régiment. Le colonel Sicre, qui commande, le secteur est donc accompagné d’un officier d’artillerie en charge des liaisons avec le personnel d’observation et de transmission d’assurer un soutien efficace des feux français. Le 170e est également appuyé par deux bataillons de zouaves et une compagnie du Génie qui doit aménager rapidement les positions allemandes une fois conquises.

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Détail du secteur d’attaque du 170e RI. En rouge les positions françaises. @Ministère de la Défense.

Ces différents éléments, aux ordres du lieutenant-colonel de Gissac, sont réparties en trois colonnes d’attaque dans lesquelles sont ventilées les sections de mitrailleuses du régiment. Chaque colonne est déployée par front de compagnies sur deux ou trois « vagues successives ». Les hommes emportent chacun quatre jours de vivres, 200 cartouches, 4 grenades et 2 sacs à terre. Chaque compagnie emporte des fusées avec des cartouches de signalisation, notamment pour gérer l’appui de l’artillerie. Les liaisons avec le PC seront assurées par coureurs et par signaux optiques.

 A 18h15, l’attaque se déclenche comme prévue. L’élan des fantassins est « magnifique » nous dit le JMO du 170e RI. Les compagnies du 1er bataillon atteignent leur objectif mais elles sont immédiatement contre-attaquées sur leur droite et en partie repoussées sur leur ligne de départ dans la tranchée Driant. Après trois-quarts d’heure de combats acharnés au corps-à-corps et à la grenade, les Allemands refluent sur leurs positions. Les autres compagnies du 1er bataillon au centre et à gauche parviennent à atteindre leur objectif (la tranchée b). Malgré une violente contre-attaque à 21h30, elles s’accrochent aux positions conquises. Le 1er bataillon parvient à capturer 130 soldats allemands au cours de son assaut. Dans le secteur du 2e bataillon, malgré les pertes très lourdes en partie dues aux tirs trop courts de l’artillerie française, les compagnies (6e et 7e) atteignent leurs objectifs mais certaines s’aventurent au-delà et sont refoulées. Le terrain conquis est conservé. Au 3e bataillon, l’assaut initial est freiné par le feu des mitrailleuses allemandes et même si la lignea a-u est atteinte, elle ne peut être conservée. Par contre, la ligne Fortin Rouge-a est conquise. Une section de zouaves vient renforcer le dispositif pour parer la contre-attaque allemande. A 18h45, quatre sections de zouaves sont engagées successivement pour rétablir la liaison avec le 2e bataillon.

A la tombée de la nuit, les Français occupent presque tous les objectifs fixés par le commandement malgré les contre-attaques puissantes déclenchées par les Allemands. Les combats se poursuivront avec le même acharnement jusqu’au 5 mai. Le 170e RI laissera au total 154 morts et plus de 400 blessés dans cette affaire.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

JMO du 170e RI cote 26 N 707/14