20 mars 1916 : la défaillance de la 29e DI

L’offensive allemande sur la rive gauche reprend le 20 mars afin d’aligner le front en suivant la ligne Avocourt-cote 304-Mort Homme-Cumières. Les Allemands ont concentré de nouvelles troupes dans le secteur pour mener à bien leur attaque. Le lundi 20 mars, à 7h du matin, les bois d’Avocourt et de Malancourt disparaissent sous un déluge de feu. Entre 14h30 et 15h15, les Bavarois de la 11. ID s’élancent à l’assaut.

Côté français les positions sont tenues par les hommes de la 29e DI (111e et 258e RI qui forment la 57e brigade) aux ordres du général Guyot de Salins. Les tranchées sont bien aménagées et les soldats bénéficient d’abris dignes de ce nom pour se protéger de la canonnade. Le colonel Brümm, qui commande la 57e brigade, a organisé ses 15 compagnies d’infanterie dans l’ensemble du bois de Malancourt. C’est un officier estimé de ses supérieurs et reconnu pour son calme et son sens des responsabilités.

Lance-flammes allemand qui accompagne tous les assauts.

Les lance-flammes allemands accompagnent tous les assauts.

Pourtant, lorsque les Stosstruppen allemandes accompagnées de lance-flammes abordent les positions du 111e RI, les troupes françaises sonnées par le bombardement, n’offrent quasiment aucune résistance. Le JMO du 258e RI nous décrit cette phase de la bataille : « Cette attaque soudaine qui ne trouve plus devant elle que des défenseurs ensevelis dans leurs abris effondrés et des défenses accessoires rasées par le bombardement progresse rapidement jusqu’au réduit sud du bois où le commandant de la brigade et son état-major sont cernés dans leur poste« . Dans le même temps, le lieutenant-colonel Géant, qui commande le 111e RI, est lui aussi capturé par les Allemands. Avant d’être fait prisonnier, Brümm a eu le temps de prévenir le général Guyot Salins de la situation. Un bataillon du 258e RI, qui a échappé à la capture, ainsi qu’un bataillon du 111e et un autre du 105e RI sous les ordres du commandant Verdet, pénètrent dans les lisières sud et sud-est du bois de Malancourt en fin de journée pour empêcher les Bavarois de déboucher. A 17h, les Allemands bombardent le bois d’Avocourt avant de se lancer à l’assaut, mais la résistance des défenseurs français est cette fois héroïque et la position est conservée. L’offensive allemande est de nouveau arrêtée.

Route entre Avocourt et Malancourt.

Route entre Avocourt et Malancourt.

Au total, les Bavarois du général von Kneussel ont capturé près de 2 500 hommes qui se sont rendus sans combattre. Une enquête sera ouverte par l’état-major de la IIe armée pour déterminer les causes de cette défaillance sans précédent depuis le début de la bataille. Elle mettra en lumière l’épuisement des hommes et la baisse du moral face à l’hécatombe. Le général Pétain profitera de cet épisode fâcheux pour appuyer encore un peu plus ses demandes en renfort d’artillerie lourde, seule capable d’enrayer les offensives allemandes.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

JMO 258e RI cote 26 N 730/5

Mourir à Verdun, Pierre Miquel