Du 6 au 15 mars 1915, les Allemands ont tenté une offensive combinée sur les deux rives de la Meuse. Toujours soutenues par une artillerie puissante qui surclasse l’artillerie française, les troupes du Kronprinz ont réussi à progresser mais de quelques kilomètres seulement et au prix de lourdes pertes. La guerre d’attrition s’installe.Sur la rive gauche, les Allemands occupent le bois des Corbeaux, les ruines de Cumières, la côte de l’Oie tandis que l’issue des combats pour le Mort-Homme et la côte 304 demeurent incertains. Pour enrayer l’offensive allemande, Pétain n’a pas eu d’autre choix que de jeter les troupes fraîches dans la bataille. Certaines sont même décimées avant d’avoir pu combattre, uniquement sous l’effet du bombardement incessant qui saturent les positions françaises. C’est par exemple le cas du 17e bataillon de chasseurs à pied qui perd un tiers de ses effectifs le 16 mars non loin du village de Vaux. Le même jour, le 158e RI perd plus de 600 h en quelques heures, écrasé par 10 000 obus dans le secteur du fort de Vaux. Le nombre de morts et de blessés est si élevé que des simples sergents commandent les restes de compagnies et que des lieutenants se retrouvent à la tête de bataillon.
Pour combler les pertes en fantassins, les officiers mobilisent les cuisiniers, les brancardiers, les téléphonistes ou encore les agents de liaison pour tenir la première ligne. Partout des actes d’héroïsme individuels ou collectifs, de part et d’autre, ponctuent les combats. Devant l’enfer qui s’abat sur les combattants certains deviennent fous de rage et se transforment lions tandis que d’autre sombrent dans la résignation voire le refus d’obéir. Les premiers cas de désertion collective commencent à remonter jusqu’à l’état-major. Le phénomène s’accentuera au cours des semaines suivantes.
L’artillerie allemande n’épargne pas son homologue française (encore majoritairement dotée de canons de 75) qui subit des tirs de contre-batterie d’une violence inimaginable. La maîtrise du ciel restant encore aux avions à croix noires, dès que les batteries françaises tirent, elles sont rapidement repérées par les aviateurs et immédiatement contrebattues.
Sur la rive droite, la progression allemande a été limitée et coûteuse, d’autant qu’à l’inverse des unités françaises, il n’existe pas de relève dans l’armée impériale. Les régiments combattent presque jusqu’au dernier homme. Là encore, malgré le déluge de feu, les Français tiennent en s’appuyant sur les ouvrages de Froideterre et Thiaumont ainsi que les forts de Vaux et de Souville.
La bataille devient paroxysmique autour du village de Fleury-sous-Douaumont. Les ruines du village sont prises et reprises SEIZE fois ! Mais malgré cette débauche de fer, de feu et de sang, le front français tient encore grâce à l’arrivée des renforts transportés sur la Voie Sacrée. Les effectifs de la IIe armée dépassent désormais les 500 000 hommes et même si les moyens en artillerie lourde sont toujours insuffisants, les chances pour Falkenhayn de voir le front français s’effondrer s’amenuisent de plus en plus. Pourtant, dès le 20 mars les Allemands repartent à l’assaut dans le secteur du Mort-Homme et de la côte 304.
SYLVAIN FERREIRA
Sources :
Mourir à Verdun, Pierre Miquel
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