8 mars 1916, le 92e RI contre-attaque !

A 19h le 7 mars 1916, le 92e RI aux ordres du lieutenant-colonel Macker reçoit l’ordre de se préparer à contre-attaquer le lendemain à 7h afin de reprendre le bois des Corbeaux investi par les Allemands depuis la veille.

Dans la nuit du 7 au 8 mars, le régiment s’installe sur ses positions de départ et Macker dispose ses bataillons de la manière suivante :

Le 2e bataillon (Bastiani) doit attaquer le sud du bois et sera soutenu par une compagnie de mitrailleuses aux ordres du capitaine Pépin,

le 3e bataillon (Rappenue) attaquera la corne ouest du bois et sera lui aussi soutenu par une compagnie de mitrailleuses commandée par le capitaine de la Pomélie.

L’assaut doit s’effectuer en quatre vagues, baïonnette au canon. A l’aube, le lieutenant-colonel Macker prend le temps de se raser, et faute d’eau, il utilise le fond d’une bouteille de vin qu’il verse dans son quart pour humidifier son blaireau. C’est donc rasé de près que Macker s’installe au milieu de la deuxième vague d’assaut, flanqué de l’aumônier de la division. A 6h, l’artillerie française donne et écrase les positions tenues par les Allemands. A 7h, le régiment est prêt à s’élancer. Macker allume un cigare et lève sa canne. C’est le signal de l’assaut. Il y a presque 900 m à parcourir en terrain découvert avant d’atteindre son objectif. Le lieutenant-colonel a demandé à ses hommes d’avancer au pas jusqu’à deux cent mètres du bois des Corbeaux. On se croirait revenu aux assauts de l’été 1914. L’artillerie allemande et les mitrailleuses Maxim postées dans le bois ouvrent le feu sur cette cible magnifique.

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Des soldats français qui passent à l’assaut.

Malgré les pertes, le régiment poursuit son avance et à 200 m de l’objectif, c’est la charge. Les fantassins pénètrent dans le bois quasiment vide et à 9h ils ont repris la quasi totalité du bois des Corbeaux après des combats à la grenade et au corps-à-corps. Le régiment a également repris du matériel : une batterie de 90 et une batterie de 75 abandonnées la veille lors de l’assaut allemand. Mais le bilan des pertes est lourd, notamment dans les rangs des officiers avec 4 tués et 13 blessés. Au cours des deux jours suivants, les Allemands vont lancer plusieurs contre-attaques pour reprendre le bois des Corbeaux qui finit par disparaître sous les bombardements incessants. Le 10 mars, le lieutenant-colonel Macker trouve la mort en tentant de défendre les positions si chèrement conquises. Après le sacrifice de Driant en février, celui de Macker vient à son tour illustrer l’héroïsme des défenseurs de Verdun.

Macker sera cité à l’ordre de l’armée à titre posthume : « Chef de corps de premier ordre : chargeant en tête de deux bataillons de son régiment, a, dans un élan irrésistible, franchi les barrages les plus violents de grosse artillerie et enlevé la position ennemie. Tombé en héros sur le terrain conquis, après avoir rejeté pendant deux jours toutes les contre-attaques de forces très supérieures en nombre.« 

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

JMO du 92e RI cote 26 N 669/2

Mourir à Verdun, Pierre Miquel