6 mars 1916, les Allemands attaquent sur la rive gauche

Depuis le 5 mars, un nouveau bombardement gigantesque s’abat sur les positions françaises qui défendent le front sur la rive gauche de la Meuse. Après une journée de pilonnage en règle, les positions françaises sont totalement bouleversées sinon détruites. Le 6 au matin, à 10h, les Stosstruppen des 11. et 12. Reserve Division s’élancent à l’assaut.

Cette nouvelle poussée est coordonnée avec un renouvellement de l’offensive sur la rive droite. Face aux demandes du Kronprinz auprès de Falkenhayn pour lancer une offensive conjointe sur les deux rives, le généralissime allemand a fini par céder au chef de la Ve Armée. Le but poursuivi est simple : faire taire les feux français qui prennent en enfilade les troupes allemandes qui attaquent depuis deux semaines sur la rive droite.

Secteur de Forges

Détail du secteur de Forges et Béthincourt défendu par le 211e RI. (Crédits : SHD)

Comme les 21 et 22 février, les Allemands pensent que la puissance de leur artillerie lourde va leur permettre de conquérir ce qui reste des positions françaises « l’arme à la bretelle » entre Avocourt et Forges. Comme au bois des Caures, les unités du XIIIe corps d’armée du général Alby et du VIIe corps du général de Bazelaire voient leurs communications avec l’arrière totalement coupées dès le début du bombardement. Les fils des réseaux téléphoniques n’ont pas résisté, et les tentatives de réparation sont vaines et coûteuses en téléphonistes. Sur les premières lignes, les officiers subalternes survivants sont livrés à eux-mêmes. Lorsque les Stosstruppen atteignent les lignes françaises, brassard blanc au bras, et équipés de leur seul fusil et de grenades, elles parviennent à s’emparer des entonnoirs fumants presque tous abandonnés par les survivants. Mais comme en février, et contre toute attente, au hasard d’un trou d’obus ou de ce qui reste d’un abri, certains soldats français, parfois sans ordre, résistent et font le coup de feu, ce qui ralentit parfois la progression allemande.

A la fin de la journée, les Allemands ont progressé de 3 kilomètres en moyenne dans le dispositif français complètement désorganisé. Mais à l’inverse des positions de la rive droite, celles de la rive gauche ont été installées dans la profondeur ce qui rend encore plus difficile encore l’exploitation d’une hypothétique percée. Malgré les problèmes de communication avec l’arrière, les renforts sont acheminés dès le 7 mars au soir côté français pour colmater les pertes subies par les unités de première ligne. Une fois encore, la défense héroïque des fantassins français plie mais ne rompt pas. Pourtant, les combats de ce début mars ne font que commencer sur la rive gauche.

SYLVAIN FERREIRA

Sources :

JMO du 211e RI cote 26 N 715/12

Mourir à Verdun, Pierre Miquel

Tranchées, hors-série n°7